Dépression, RPS,…, que produisons nous ?
Perception négative de notre environnement ?
En janvier 2018 paraissait un livret de l’assurance maladie sur les affections psychiques liées au travail En juin 2018 on entend dire dans la presse que la vague de suicides des années 2008-2009 au sein de France télécom pourrait donner lieu à un procès (la justice avance-t-elle au temps géologique ?). Et enfin, les français sont désormais convaincus que la première cause de dépression individuelle est le travail… (lien)
Nous sommes loin de « le travail, c’est la santé »( https://youtu.be/2Fe8o6FGxMQ ) de notre regretté Henri Salvador. Je vous l’accorde, cela date un peu, disons plus de 50 ans.
Qu’a -t-il bien pu se passer depuis ?
Henri SALVADOR évoquait les « prisonniers du boulot font pas de vieux os » maintenant quant à s’accorder sur le fait que l’oisiveté préserve la santé, je ne suis pas tout à fait en phase avec ce grand artiste.
J’ai déjà cité cet extrait issu d’un ouvrage sur les risques psychosociaux « C’est trop facile de dire que tout est la faute du boulot. On peut penser à des situations où l’on est censé s’épanouir au travail ; on est censé s’épanouir durant notre temps libre. Je veux dire que rentrer chez soi, s’asseoir, se reposer et être fatigué devant la télé, ce n’est pas assez bien. Nous sommes censés vivre à un train d’enfer » – (Glasberg, Norberg et Söderberg, 2007) Le burn out, Philippe ZAWIEJA, Ed Que Sais-je, avril 2015. Aujourd’hui, nous devons toujours être à 100% et parfois ce n’est pas suffisant.
Nous courons à tout moment et l’Homme tente de compenser les déficits des organisations du travail. Rare sont les dirigeants à être visionnaire dans leurs organisations et cultiver l’Homme en permettant à chacun de trouver sa place. Yves Clot propose de soigner le travail lui-même « le pouvoir d’agir ».
Y compris dans la publicité on voudrait nous faire croire que la personne idéale passe son week-end entre mer et montage sans jamais s’arrêter. Une fois pourquoi pas, lorsque cela se répète, on récupère sur la semaine…
@ l’heure de la QVT, je reste pantois dans l’approche des sujets socio-organisationnels au sein des entreprises et collectivités. Là ou la plupart des dirigeants se sont arrêtés au stress, on a accumulé des termes avec des frontières trop minces pour le commun des mortels.
Tentez de vous trouver entre un psychologue du travail et un dirigeant à converser sur les termes suivants, vous verrez que cela n’est pas toujours évident : Stress / RPS / burn out/ dépression /…
Et si vous restez trop vague en parlant d’organisation du travail, de turn-over, de variation des horaires, la plupart des dirigeants ne mesurent pas les impacts.
A la décharge de l’entrepreneur, l’investissement entre lui et ses équipes dans l’entreprise est sans commune mesure (sauf exception). Aussi, il est difficile de faire se rencontrer des points de vue divergents tant la conception de l’objet de l’organisation est différente. Avoir investi son temps, son argent et pris un risque parfois vis-à-vis de son équilibre familial peut rendre difficile la perception d’une situation de fragilité d’un salarié.
En 50 ans, nous sommes passés d’une ère où les organisations du travail étaient quasi stables et assez uniformes à des multitudes d’approches et de méthodes.
Au sein d’une même entreprise on subit parfois plus qu’on ne vit les projets de « réorganisation ». Les méthodes issues de l’industrie japonaises ont été reprises dans de multiples environnements alors que c’est le pays qui nous a fait découvrir le « karoshi ».
Le Lean est toujours autant décrié qu’il est loué. Toutes les méthodes en S ou en M, l’agilité, …complètent les approches.
La mondialisation se veut commerciale et comme toute personne, je me laisse aller à la fièvre consumériste qui m’habite de temps à autre…
Je reste cependant très circonspect sur la mondialisation des méthodes dans leur copier-coller. Nos cultures et nos approches sont très différentes. Nous aimons nous comparer à l’Allemagne et je profite d’une actualité très récente pour aborder nos différences d’appropriations – sur le sujet de la sécurité routière, nous avons un nombre de décès similaire sur une année là où nous comptons près de 15 millions de résidents en moins. Et nous n’abordons pas la sécurité routière de la même manière dans nos deux pays. On prône aussi le modèle Allemand à travers ses ETI mais notre système est incapable de produire cette organisation à l’heure actuelle. Alors ne tentons pas de dupliquer, soyons inventifs à la française…
Plutôt que chercher nos modèles à l’extérieur, nous avons en France une certaine excellence en matière d’enseignement et de recherche. Là où la majorité des méthodes de management n’ont pas fait leurs preuves, il me semble bon de nous appuyer sur des basiques et ne plus avoir peur de communiquer au sein de l’entreprise.
On voudrait opposer les nouvelles générations aux anciennes, je n’en suis pas convaincu. On trouve autant de gens passionnés chez les jeunes que les plus anciens.
Peut-être avons-nous demandé, trop insisté pour que les plus jeunes prennent en main leur avenir pour certains alors que d’autres ont entendu qu’ils ne devaient rien en attendre… Mais comme à chaque étape, les organisations vont s’adapter ou pas !
Je veux juste être positif sur des basiques issus d’échanges sur le terrain avec différents dirigeants :
- L’équité est un vrai levier
- La formalisation de règles et leur respect est indispensable
- La vision aide à manager et diffuser une certaine confiance, …
Alors oui, il semble que nous n’ayons jamais autant soufferts en France à travers le travail mais ne croyez pas que l’entreprenariat soit la solution pour toutes et tous.
Notre système de protection sociale a ses travers et finalement nous sommes peu mobiles ce qui augmente notre malheur ! (Je parcours la France et les entreprises disent manquer de main d’œuvre partout ???) l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs.
Il nous faut également apprendre à regarder le verre à moitié voire ¾ plein plutôt que regarder ce qui manque…
Et là où quelqu’un voit un management toxique (ce qui peut arriver), il faut fuir et se protéger (nos IRP à la française sont là pour ça non !)
Sans verser dans la positive attitude à l’américaine, nous avons certainement, en France, à apprendre à positiver un peu plus ce qui nous arrive. Le travail est le lien social essentiel dans notre vie. Les accidentés de la vie ou du travail qui ne reprennent pas d’activité professionnelle ont plus de risque de sombrer dans un système de dépression. Alors oui le travail amène des risques, que le Code du travail cherche à faire maîtriser par les entreprises.
Mais il amène aussi une part de notre équilibre quotidien et l’oublier en parlant uniquement des éléments négatifs est un discours néfaste pour nous et nos enfants.
Certains métiers en France font désormais plus rêvés que d’autres grâce à leurs relais médiatiques (pâtissier ou agent immobilier) à quand des concours de menuisiers ou de laveurs de carreaux comme j’ai pu voir sur d’autres médias internationaux ? Peut-être que mieux parler de nos métiers et des passions de chacun nous aidera à sortir de cette spirale assez négative de nos perceptions du travail.
@u plaisir de vous lire
Jérôme